3e Épisode: A L’écoute des Arbres - Algonquin

Cet épisode a été tourné au Québec, dans la communauté du Lac Simon, lieu de résidence d’environ 1 200 Algonquins. Il met en relation la façon traditionnelle de transmettre la langue d'une génération à l'autre et les nouvelles méthodes éducatives scolaires.

famileHistorique

L’algonquin fait partie de la famille des langues algonquines regroupant une dizaine de langues différentes et parlées par quelques 130 000 individus. C’est le groupe de langues le plus répandu au Canada. Il existe 10 communautés algonquines réparties dans la région sud-ouest du Québec. Jusqu’au milieu des années “50, l’éducation algonquine portait sur les connaissances traditionnelles. Les enfants apprenaient les légendes, les chansons et tout ce qui était en rapport avec leur culture. Tout était transmis par tradition orale car la lecture et l’écriture étaient inutiles dans une société axée sur la terre et ses ressources.

Au début du XXe siècle, une communauté religieuse de la ville d’Amos a fondé un pensionnat destiné à « civiliser et instruire » les jeunes autochtones. Des Algonquins, des Cris et des Montagnais ont été emmenés à l’école pour y être initiés aux matières scolaires “de l’homme blanc”, au détriment de leur langue. Celle-ci s’effaça peu à peu jusqu’à devenir une langue presqu’uniquement utilisée par les aînés.

1ière Partie

Les pensionnats sont maintenant chose du passé. Pourtant, les Algonquinslivrent encore une lutte incessante pour préserver leur langue. Au Lac Simon, on enseigne en immersion algonquine à la maternelle et en 1ère année. La langue est ensuite enseignée une heure par jour jusqu’à la fin du secondaire.

Richard Pacquet est professeur de français au secondaire. Aujourd’hui, il emmène ses élèves dans un chalet en pleine nature pour quelques jours. Un guide algonquin nommé George Wabanonick les accompagne. Durant ce voyage, les jeunes reprennent contact avec leur culture et leur langue en participant à des activités traditionnelles. Nous revenons plus tard en classe, où, avec des méthodes pédagogiques modernes, les jeunes apprennent la grammaire, l’écriture et la lecture algonquines.

Par la télé, la publicité, les jeux vidéos et toute l’influence de la culture francophone, les jeunes apprennent le français sans efforts. Mais pour que la langue maternelle soit préservée, elle doit être utilisée quotidiennement à la maison, surtout une fois l’immersion scolaire algonquine terminée. Sinon elle risque d’être menacée de disparaître complètement.

Traditionnellement, les Algonquins étaient un peuple de nomades vivant en petits groupes isolés. Aujourd'hui, la plupart des gens de cette première nation vivent dans le village du Lac Simon. Cette société qui est maintenant sédentaire a de nouveaux besoins et l’établissement d’institutions est là pour tenter d’y répondre.

2e Partie

Les pensionnats ont réellement mis la langue algonquine en danger. Mais aujourd’hui ce sont les conseils de bande qui sont responsables de la gestion des écoles. Ils y promeuvent la langue traditionnelle. Malgré cela, les jeunes parlent français entre eux la plupart du temps. Des efforts additionnels sont déployés à l’école pour remédier à cette situation.

Cependant, les fondements d’une langue autochtone ne se développent pas à l’école. Une langue se transmet par les contes, la musique et la poésie. Alex Cheezo est un musicien et un travailleur social du Lac Simon. Il croit important que les jeunes puissent s’identifier à leur culture et à leur langue entre autre par la musique. Il a d’ailleurs fondé le groupe « Annishnabe » qui signifie « ceux de cette terre .»

gardien de langueGardien de La Langue

William Commanda est un important leader algonquin qui s’est fait remarquer sur la scène internationale. Selon lui, la langue est la clé de la spiritualité. «Dans ma langue, “Annishabe” signifie “le peuple.” “Nabe” signifie “hommes.” Peut-être connaissez-vous cette histoire: “Kwe pekan”… “kwe” signifie “allo” et “pekan” signifie “étranger.” “Québécois” viens de “kwe pekan.” Quand Jacques Cartier est arrivé chez nous, les Algonquins lui ont dit “Kwe Pekan:” “allo étranger.”»